Aux côtés du Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Les Cris de Paris interrogent la ville, son identité sonore et musicale. Ils mènent l’enquête dans chacune des douze communes qui composent l’agglomération de Saint-Quentin.
Le projet
Dans son ouvrage Cités Invisibles, La naissance de l’urbanisme au Proche-Orient ancien l’archéologue Jean-Claude Margueron fait état d’une découverte étonnante : certaines villes au Proche-Orient ancien ne sont pas des villages qui ont évolué progressivement, mais elles ont été conçues d’emblée comme des complexes urbains, avec des habitants rassemblés pour y habiter, et « invités » à imaginer un vivre ensemble.
D’une certaine manière, Saint-Quentin en Yvelines relève de cette dynamique.
Il est original et stimulant d’imaginer une archéologie bien particulière de ce lieu pour mieux le connaître et pour pouvoir proposer un agir collectif qui dépasse le simple cadre d’une initiative esthétique.
Car l’un des marqueurs identitaires d’un lieu est aussi l’un des éléments le plus mobile et le moins saisissable : le son, le bruit, la musique involontaire ou au contraire un répertoire commun à travers lequel ses habitants se reconnaissent ou peuvent être reconnus.
C’est Flaubert qui, conscient pour la première fois de cette dimension négligée, reconstitue une ville à travers le bruit multiple qui l’habite, dans son roman Salammbô.
A l’instar de cette reconstitution archéologique qui cartographie une identité, l’objectif de notre projet s’articule autour de cette mémoire sonore et vivante de la ville qu’il s’agit à la fois de restituer dans le présent, mais aussi de réinventer pour l’avenir.
Pour ce faire, nous nous proposons différents moyens et différentes formes d’actions qui se complètent :
– Des captations sonores dans les douze communes de Saint-Quentin-en-Yvelines : sons de la ville, chants et témoignages des habitants.
– La réalisation d’un film documentaire sur le projet lui-même (et donc sur les ateliers), pendant deux ans, par la réalisatrice Delphine de Blic.
Ce dernier document permettra non seulement de manifester le résultat de notre action, mais laissera aussi une trace de cette quête sonore.
Saint-Quentin-en-Yvelines, en tant que lieu, amène une difficulté paradoxale, y compris pour ses propres habitants : celle de le situer. Interrogés, ceux-ci l’imaginent à droite ou à gauche de leur propre lieu d’habitation, le pensent très grand ou au contraire extrêmement petit. Saint-Quentin-en-Yvelines est toujours « par-là », « là-bas », jamais « ici ».
La collecte de mémoires orales, à travers les sons de la ville, les chansons et les histoires de ses habitants, permettrait de mieux cerner cette identité géographique imbriquée et complexe et de mettre en lumière la richesse culturelle d’un territoire à travers celle de ses habitants.
Dirigé vers un domaine particulier, le portrait sonore de la communauté de communes, cet effort viserait plus globalement à valoriser le patrimoine, capter l’identité et l’histoire et fédérer les différents acteurs de Saint-Quentin, habitants, associations, collectivités…
C’est à partir de ce discernement du réel que l’on pourrait se projeter ensuite dans l’exploration d’un Saint-Quentin imaginaire, tel qu’on aimerait qu’il soit ou au contraire tel qu’on craint qu’il ne devienne.
De la Babylone archétypale jusqu’à Metropolis l’ultramoderne en passant par les villes utopiques déclinées de la Renaissance au XIXe siècle, Saint-Quentin-en-Yvelines présent et futur peut donner à rêver et permettrait également une mise en garde pour que la transformation du territoire ou le projet de son aménagement épouse les courbes sonores les plus heureuses pour tous ceux qui y habitent et y travaillent, et le feront dans l’avenir.
… Est une source d’inspiration, mais également le support d’une réflexion sur la transformation du territoire et ses conséquences sociétales
Les ateliers ci-dessous proposent différentes pistes de réflexion et de travail. Leur contenu est amené à évoluer selon les intervenants et le profil des participants.